Seule vers à la chirurgie bariatrique

Mes premiers pas

Commençons par le commencement : au départ, il me fallait obtenir  une recommandation de mon médecin traitant. Ensuite, une étape vraiment  pas simple : identifier quel hopital/clinique/medecin/chirurgien était à même de réaliser l'intervention que je souhaite, à savoir la sleeve.

 

Dans ma région lorraine, ce n'est pas évident. Le CHR de Metz n'a pas très bonne réputation (quelque soit le service d'ailleurs). Il me reste Nancy Brabois, à 90km de chez moi, qui semble disposer d'une bonne équipe rodée à ce type d'intervention, ce qui est toujours rassurant.

 

Petit bémol que j'apprends à la première réunion d'information : cette équipe propose quasiment qu'une option dans mon cas : le by-pass. Ce n'est pas celle que je souhaite... il va me falloir être convaincante et surtout, croiser les doigts pour qu'ils acceptent ma préférence pour la sleeve, mais à vrai dire, je n'en suis pas là.

 

Non, car pour l'instant, il faut que je "prouve" que je suis consciente de ce que cette prise de décision est radicale, que je sois passée à la loupe afin de vérifier que je corresponds au critères nécessaire pour la prise en charge et l'indication de la chirurgie, que je rassure la diététicienne que je n'ai pas choisi cette voix par facilité et que je sais pertinemment que perdre ce surpoids ne réglera pas comme par magie mes difficultés d'émotivité et de rapports sociaux.

 

Je m'estime plutôt décidée et préparée à cette étude à la loupe. Je me suis forgée un caractère de wineuse comme on dit et il est souvent difficile de me faire changer d'avis lorsque j'ai pris une décision.

 

Par contre, j'ai une faiblesse certaine : je mène le combat seule. Oui, je suis entourée à la maison mais je ne suis pas prête à avoir une discussion de front sur le sujet avec les personnes qui me connaissent. La raison est simple : je n'ai pas envie d'entendre les avertissements et les remarques bien pensantes du type "mais tu n'es pas si grosse, fais attention à ce que tu manges et ça ira" ou encore "tu te rends comptes, c'est risqué quand même".

 

Je sais que ça partirait d'un bon sentiment envers moi, mais ce type de discussion ne fait pas avancer. C'est mon poids, moi qui le supporte au quotidien, moi qui y pense 24h/24, moi qui estime qu'il faut arrêter les dégats, moi qui ne peux pas courir avec ma fille dehors, moi encore qui doit me mettre en apnée pour lacer les chaussures de ma fille le matin, moi qui n'ai pas d'énergie ou de souffle pour faire mon jardin ou mon ménage... enfin bien sûr, moi qui ne vais plus en ville car je n'y trouve rien pour moi : ni vêtements à ma taille, ni café en terrasse car le regard des gens est soit condescendant dans le meilleur des cas, soit insultant dans le pire.

 

Bref. Les gens ne s'imaginent pas la discrimination à tous niveaux que cela implique. De même, physiquement, il semble simple de dire que faire 106kg c'est trop pour un squelette de 1,55 de haut mais on ne se rend pas compte.

 

Ca signifie faire chaque pas, chaque mouvement, avec 50 bouteilles de lait scotchées à ses pieds, bras, hanches, ventre, poitrine, dos etc. ou 1 sac de ciment de 25kg bien arrimé à l'avant du corps, et un second dans le dos... est-ce qu'une personne "normale" serait capable de tenir 1 seule journée dans ces conditions ? je ne pense pas.

 

Vous connaissez le principe de faire un parcours non adapté avec un fauteuil roulant ? évidemment ça met à jour des problème dont nous n'avons pas idée nous en tant que "valides". L'obésité, c'est la même chose. Nous rencontrons des problèmes basiques tous les jours : s'assoir sur un tabouret "standard" avec 1 seule fesse ou s'assoir une une chaise un peu légère en se demandant si elle va tenir. Monter dans un ascenceur un peu étroit avec 2 ou 3 personnes, faire la queue dans un supermarché, jouer au ballon avec nos enfants, nous habiller (notamment trouver des sous-vêtements qui ne blessent pas ou ne pas mettre de robe car l'intérieur de nos cuisses frottent et s'irritent très vite), nous faire embaucher (à qualifications égales bien sûr)... Se demander si l'on peu emmener nos enfants dans les fêtes foraines car on sait qu'il faut les accompagner mais que les attractions ne sont pas faites pour supporter notre poids... etc etc.

 

Je suis entrée dans le "parcours" de la chirurgie comme ils disent. Nous allons voir si j'arriverais à atteindre la dernière étape...

 



16/04/2011
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